Des maires étiquetés Front National ont déjà été élus.
Ses premières expériences ne peuvent réellement pas être considérées comme des succès. Seuls 5 maires ont été élus sous la bannière du FN, et si certains d’entre eux ont été réélus, ils avaient à chaque fois quitter le FN. Il en est d’ailleurs de même pour les conseillers généraux. C’est à Saint-Gilles, dans le Gard que pour la première fois, le FN accède aux responsabilités en 1989 à l’occasion d’une quadrangulaire fratricide. Ensuite, en 1995, les mairies d’Orange, de Toulon et de Marignane tombent dans l’escarcelle du FN. Puis, en 1997, c’est à Vitrolles que la femme de Bruno Mégret se fait élire après l’annulation de l’élection du maire socialiste. Jean-Marie Le Pen avait promis d’en faire des modèles de gestion. Aujourd’hui, sa fille cherche plutôt à les faire oublier.
Application de l’idéologie
A Saint-Gilles, le compte Charles de Chambrun affirma un fois élu : « la civilisation islamiste représente le plus grand danger menaçant les civilisations judéo-chrétiennes. » Il sera épinglé par la CNIL pour avoir notamment créer un fichier relatif à l’aide sociale, distinguant Français et Maghrébins.
Les élus FN décidèrent de lutter contre l’insécurité en augmentant les effectifs des polices municipales : +5,9% à Toulon et Vitrolles, +13% à Marignane et 22,7% à Orange pour la seule année 1998. Déjà, la politique « tout-répressif » montrait ces limites ; la délinquance continua d’augmenter.
Les mairies vont drastiquement réduire les subventions en directions des associations, à vocation sociale principalement, Jacques Bompard affirmant « Quand on veut travailler dans le social, on doit avoir un comportement de bénévole ».
Présent dans le projet du FN, la proposition de donner 5000francs à la naissance de tout français, né de parent européen, est contraire à la loi. La mairie de Vitrolles, dirigée par la femme de Bruno Mégret, tenta néanmoins de la mettre en place, mais la justice annula la mesure.
Enfin, la préférence nationale étant également illégale, les élus frontistes rivalisèrent d’ingéniosité pour passer outre la loi : refus de délivrer les indispensables certificats d’hébergement nécessaires pour les demandes de visa, municipalisation des associations sociales afin de ne prendre « que des Français ». A Marignane, le conseil municipal interdit de servir des repas Halal ou casher, au nom de la laïcité.
Gestion budgétaire et humaine calamiteuse
A Saint-Gilles, le maire est poussé à la démission par sa propre majorité suite au rejet de son budget. La gestion des autres villes, à l’exception d’Orange, ne fut guère meilleure. Bruno Mégret fut condamné en 2007 pour avoir financé sa campagne présidentielle avec l’argent de la mairie de Vitrolles. La chambre régionale des comptes dresse un rapport accablant. A Marignane, les impôts locaux augmentent, et le centre-ville n’est finalement pas rénové.
Mais, c’est à Toulon que la situation est la plus inquiétante. En 2001, l’audit commandé par l’ancien maire de la ville chiffra la dette à 213,43 millions d’euro. Si l’ensemble de la dette ne peut être imputé au maire frontiste, l’aggravation fut spectaculaire. La ville injecta 200 millions de francs pour soutenir l’entreprise d’aménagement de la ville, sans pour autant escompter revoir cet argent un jour, et dut éponger les 160 millions de dettes de la SEMTA.
Les maires décident de mettre au placard les fonctionnaires les moins dociles ou de se séparer d’eux, n’hésitant pas à employer des méthodes parfois proches du harcèlement. Des jeunes Beurs, qui ont des postes à responsabilité se voient proposer des affectations aux services d’entretiens. A Orange, un délégué FO se suicide.
Toutefois, les élus FN ont un sens aigu de la famille. A Vitrolles, Bruno Mégret agit en permanence dans l’ombre de sa femme, Catherine, tête de liste à sa place après sa condamnation à une peine d’inéligibilité pour non-respect des règles de financement de campagne électorale. A Toulon, la femme de Jean-Marie Le Chevallier est placée à la tête du Centre de loisirs et d’action sociale. A Orange, c’est le neveu de l’épouse de Jacques Bompard qui est placé à la tête de l’office du tourisme.