Ces territoires où se jouent les divisions électorales
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Pour la Fondation de l’Écologie Politique, et en partenariat avec The Conversation, Simon Audebert nous offre une analyse des dynamiques politiques, territoires par territoires, issues des dernières élections européennes et nous permet d’en tirer quelques leçons utiles pour ces élections législatives anticipées de tous les dangers.

Les résultats des élections européennes de 2024 s’inscrivent dans la lignée d’une restructuration amorcée dès 2017 et qui a abouti depuis à une tripolarisation particulièrement marquée lors des élections européennes de 2019, et renforcée depuis. Cette notion de tripolarisation de l’arène parlementaire se réfère à trois pôles qui s’affrontent pour accéder au pouvoir : conservateur-identitaire, libéral-mondialisateur et écosocialiste. Ce concept permet de questionner les logiques d’accès au pouvoir, et donc de discuter les évolutions et les conséquences de la tripartition de l’espace idéologique, c’est-à-dire des valeurs.

La France en trois pôles

Le pôle conservateur-identitaire s’oppose à la mondialisation dans toutes ses dimensions et affiche des attitudes autoritaires et xénophobes, favorables à l’ordre et hostiles à l’immigration. Il se situe à droite et à l’extrême droite, principalement représenté par le Rassemblement national et Reconquête. Le pôle libéral-mondialisateur, incarné par le parti présidentiel Renaissance et ses alliés, est marqué par une volonté de poursuivre la mondialisation et le libéralisme économique.

Enfin, le pôle de gauche écosocialiste, ou social-écologiste cosmopolite, ne s’oppose pas tant à la mondialisation en tant que telle, mais plutôt à ses modalités et ses conséquences, aussi bien sociales qu’écologiques. Il est représenté, dans la compétition électorale, par les formations qui composaient la Nouvelle Union Populaire écologique et sociale, regroupées pour les législatives de 2024 dans le nouveau Front populaire.

Cette note propose une cartographie des scores réalisés par les différentes forces politiques ainsi que des dynamiques électorales au sein et entre les trois pôles. Pour ce faire, elle s’appuie sur une comparaison des résultats des élections de 2019 et 2024 mais également sur une comparaison des dynamiques entre 2014 et 2019 et 2019 et 2024.

Une analyse des écarts à la moyenne permet d’identifier les territoires les plus favorables à chacun des trois pôles. Nous réalisons cette analyse avec une typologie originale faisant apparaître quatre types de territoires : les territoires où l’on vote systématiquement moins pour l’un ou l’autre des pôles que sur le territoire national ; les territoires où l’on vote systématiquement plus pour l’un ou l’autre des pôles ; les territoires où l’on a sous-voté pour un des pôles en 2019 et sur-voté en 2024 ; les territoires où l’on a sur-voté pour un des pôles en 2019 par rapport à la moyenne nationale et sous-voté en 2024.

Pour observer des entités géographiques plus comparables en termes de population que le niveau communal, cette analyse prend le parti de comparer les résultats par Établissement public de coopération intercommunale, simplifié EPCI. Les EPCI correspondent au statut commun à tous les types de groupements de communes, notamment les métropoles et les communautés de communes.