Bibliographie
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Cette bibliographie n’est pas exhaustive, mais elle constitue un premier socle pour qui veut approfondir ses connaissances historiques, sociologiques, politiques ou philosophiques sur l’extrême-droite.

*Les ouvrages précédés d’un astérisque sont particulièrement recommandés.

 

*Daniel Bizul, Avec ceux du FN : un sociologue au Front national, La Découvert, coll. Textes à l’appui, Paris, 2003 (ISBN 2-7071-4048-1

Le Front national est régulièrement dénoncé comme un parti dangereux pour la démocratie, et ses militants sont souvent assimilés à des « racistes » ou à des « fascistes ». Ce jugement laisse pourtant sans réponses des questions qui sont brutalement redevenues actuelles en 2002 : pourquoi une fraction non négligeable de l’électorat accorde-t-elle ses voix aux candidats du FN et à son leader ? Par quels mécanismes une organisation politique aussi combattue peut-elle disposer d’adeptes convaincus ? Comment ceux-ci préservent-ils une image positive d’eux-mêmes ?

De 1996 à 1999, Daniel Bizeul a participé aux activités d’un groupe de militants du FN dans la région parisienne. Tirant dans cet ouvrage les leçons de cette expérience singulière, il donne les clés de la force d’attraction de ce parti. En retraçant la diversité des trajectoires sociales de ces militants, il restitue les motivations complexes de leur engagement et explique comment ils le vivent et le justifient au quotidien. Il met aussi en évidence le rôle actif de la propagande diffusée par les cadres dirigeants ainsi que leur capacité à exploiter politiquement le désarroi d’une partie de la population (désespérance sociale, volonté de revanche, sentiment d’injustice, etc.)

Refusant, par principe, de céder à la diabolisation, Daniel Bizeul fait ici la preuve que la sociologie peut activement contribuer à comprendre le « phénomène FN ».

 

*Ariane Chebel d’Appollonia, Les Frontière du racisme. Identités, ethnicité, citoyenneté, Presses de Sciences Po , coll. La Bibliothèque du citoyen, Paris, 2011 (ISBN 978-8-7246-1206-6)

 Comment expliquer la permanence des préjugés racistes en dépit d’une mobilisation antiraciste sans précédent ? Quelles sont les pratiques dominantes de rejet de l’autre ? Assistons-nous à l’émergence de nouvelles frontières ethno-raciales ?

Selon une approche à la fois théorique, historique et comparée, cet ouvrage évalue la nature et les contours du racisme contemporain. Il analyse comment l’obsession sécuritaire se combine dans de nombreux pays avec un repli identitaire de plus en plus exclusif, pour légitimer un renforcement du contrôle social des minorités et un durcissement du contrôle aux frontières.

Donner les bases théoriques et historiques pour aider à lutter contre le racisme, le repli et le rejet de l’autre, telle est l’ambition de cet essai.

 

Sylvain Crépon, La nouvelle extrême droite. Enquête sur les jeunes militants du Front national, L’Harmattan, Paris, 2006 (ISBN 2-296-00666-3)

 Pourquoi le FN, qui stigmatise les populations maghrébines de France, prend-il la défense de l’Irak – pays arabe et musulman – contre la coalition alliée en 1991, puis en 2003 ? Pour quelles raisons ce parti, qui faisait du républicain américain Ronald Reagan un modèle dans les années 1980, développe-t-il à présent un antiaméricanisme forcené ainsi qu’un discours à consonance anticapitaliste ?  Que signifie la prise de distance toujours plus importante avec le colonialisme, sachant que le FN a été créé par d’anciens partisans de l’Algérie française ? Autant d’éléments portés par la jeune génération FN dans les années 1990 et qui ont bouleversé l’idéologie lepéniste. Cette jeunesse est parvenue à renouveler la vielle antienne anti-égalitariste de l’extrême-droite et, en l’adaptant au contexte contemporain qui voit les affirmations identitaires toujours plus prégnantes, à fragiliser un peu plus un modèle démocratique en plein doute. A partir d’une enquête minutieuse menée auprès des jeunes frontistes, ce livre éclaire certaines des transformations majeures qu’a connues la France ces 15 dernières années.

 

Pascal Delwit (dir.), Le Front national. Mutations de l’extrême-droite française, Editions de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 2012 (ISBN 978-2-8004-1519-2)

 L’élection présidentielle du 22 avril 2007 et le scrutin législatif qui l’a suivie ont été une terrible désillusion pour Jean-Marie Le Pen et le Front national. Après avoir dominé l’agenda politique et médiatique durant les années quatre-vingt-dix et créé une secousse inédite dans le système politique lors des élections présidentielles de 2002, le FN était ramené à une expression électorale et un poids politique extrêmement modestes. Ce résultat, en phase avec le mouvement de déclin observé dans les années 2000, est confirmé au scrutin municipal de 2008 où l’extrême-droite française est évanescente. D’aucuns évoquent alors la fin sans gloire de Jean-Marie Le Pen et de son parti.

A la veille des élections présidentielles et législatives de 2012, la présentation et le regard sont pourtant tout autres. En janvier 2011, Marine Le Pen a « hérité » de la présidence du parti ; trente-neuf après l’accession de son père à cette même présidence. Le Front national a opéré une percée aux élections cantonales du printemps 2011 et les enquêtes d’opinion créditent Marine Le Pen de scores oscillant entre 15 et 20% des intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle.

Après le pain noir, le pain blanc ? Les choses sont indubitablement plus nuancées. Dans un environnement européen où l’extrême-droite a (re)trouvé des couleurs dans certains Etats, une nouvelle analyse approfondie du phénomène frontiste s’imposait, tant il est vrai que le déclin politico-électoral de la deuxième moitié des années 2000 avait asséché les recherches consacrées au Front national.

L’ouvrage, qui rassemble des contributions de spécialistes réputés de l’extrême-droite française, retrace et analyse tour à tour l’histoire du Front national, les rapports du FN à l’extrême-droite européenne, le modèle organisationnel et militant du parti, ses axes idéologiques et programmatiques, de même que son implantation électorale et la question des alliances politico-électorales. Enfin, trois zones de force du Front national, dissemblables dans leur profil, sont très finement observées : le Nord-Pas-de-Calais, l’Alsace et Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Caroline Fourest & Fiammetta Venner, Marine Le Pen (biographie), Grasset, Paris, 2011 (ISBN 978-2-246-78382-4)

Pendant des mois, Caroline Fourest et Fiammetta Venner ont enquêté, disséqué, écouté. Témoins, anciens du FN, compagnons de route, stratèges de passage ou doctrinaires endurcis. Elles ont interrogé sans fard Marine et Jean-Marie Le Pen. Exhumé des documents, croisé les programmes, surfé sur les sites de toutes tendances et rassemblé les images de l’album de famille frontiste. Elles nous racontent les dessus d’un clan unique par son système de cour, ses rêves de grandeur et ses petits arrangements.

 

*Jean-Paul Gautier, Les Extrêmes Droites en France. De la traversée du désert à l’ascension du Front national (1945-2008), Syllespse, coll. Mauvais Temps, Paris, 2009 (ISBN 978-2-84950-21-50)

Depuis l’épuration qui suit la Libération au second tour de l’élection présidentielle de 2002, l’extrême-droite en France a parcouru un long chemin qui lui a permis de s’inscrire durablement dans le paysage politique français.

L’étude de l’extrême droite est un exercice délicat. S’il n’y a pas d’extrême droite unique et homogène, elle n’est pas pour autant simplement une droite qui surenchérit sur des valeurs de la droite classique.

Pendant plus d’un demi-siècle, cette famille politique, souvent occultée, s’est diversifiée. C’est un ensemble indéterminé, parfois difficile à appréhender dans un tour. Catholiques intégristes et païens, monarchistes, régionalistes, partisans d’un Etat fort, nostalgiques du IIIe Reich, nombreuses sont les divisions idéologiques qui peuvent séparer ses membres.

L’auteur scande en trois époques la reconstruction des extrêmes droites.

La première période (1944 à 1968), profondément marquée par l’épisode de la guerre d’Algérie, est le ferment de nouvelles organisations.

La seconde, qui court de 1969 à 1974, est celle de la reconstruction idéologique menée de front avec un activisme violent.

Enfin, les années 1974-2008 sont celles de l’unification des extrêmes droites et de l’ascension du Front national.

Le déclin électoral récent de la formation de Jean-Marie Le Pen et la crise qui couve en son sein ne peuvent malheureusement pas laisser penser qu’on en a fini avec ces courants antidémocratiques qui trouvent leurs origines dans l’histoire des deux siècles derniers.

Un ouvrage indispensable pour comprendre les méandres des extrêmes droites françaises qui n’ont pas dit leur dernier mot.

 

*Erwan Lecœur, Un néo-populisme à la française. Trente ans de Front national, La Découverte, coll. « Cahiers Libres », Paris, 2003 (ISBN 2-7071-3931-9)

 Trente ans après la création du Front national, la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002 est venue reposer brutalement la question : quelles sont les raisons du succès d’un parti est d’un homme dont certains avaient prédit le déclin inexorable, après la scission du FN en 1998 ?

Dans ce livre, Erwan Lecoeur offre des clés d’explication originales de la réussite de ce « néo-populisme à la française ». Il montre comment le discours de Jean-Marie Le Pen a trouvé un écho important auprès de nombreux électeurs désemparés par la crise économique et politique, qui ne sont pas tous des adeptes du « fascisme ». Il revisite l’histoire du Front national, en expliquant comment son leader est parvenu, malgré les tensions permanentes, à rassembler les frères ennemis de l’extrême-droite, « catholiques traditionalistes » et « néo-païens ». Il souligne ainsi le rôle majeur de la posture du chef, à la fois guide et prophète de son peuple, loin du modèle de bureaucrate incarné par son concurrent Bruno Mégret.

Au-delà de son nationalisme revendiqué ou du racisme qu’il véhicule, le FN doit son succès à sa capacité à construire une forme d’identité collective dans une société en « perte de sens». Il propose un recours, une explication simple de la crise et une vision réductrice du monde, un combat, une idéologie dont les symboles puisent dans une tradition religieuse. Ce néo-populisme est bien l’enfant terrible d’une crise multiforme qui engendre des « retours de l’Histoire » au cœur de nos sociétés.

 

*Erwan Lecœur (dir.), Dictionnaire de l’extrême droite, Larousse, coll. « À présent », Paris, 2007 (ISBN 9782035826220)

A l’extrême-droite, plus qu’ailleurs, les mots sont des armes pour le combat politique. Ces mots sont particuliers : soit parce qu’ils sont inventés pour fustiger un ennemi (Ripoublique, établissement, sidaïques), soit parce qu’ils prennent un sens spécial dans la bouche des tribuns incarnant ce mouvement (crise, déclin, immigrés).

En analysant le sens et les sous-entendus du discours de l’extrême-droite, mais aussi en décrivant les organisations, les partis, en relatant les parcours des leaders et des hommes de l’ombre ou en expliquant ls positions sur les problèmes du moment (Irak, chômage, culture, terrorisme, etc), ce dictionnaire permet de mieux comprendre les ressorts et les ambitions d’une famille politique qui espère, plus que jamais, revivre le « miracle » du 21 avril 2002. 

 

Laszlo Liszkai, Marine Le Pen : Un nouveau Front national ?, Favre, Lausanne, 2011 (ISBN 978-02-8289-1181-2)

Mais qui est Marine Le Pen ? Qui fait grincer des dents des anciens compagnons de route de son père ? Qui fait vaciller l’UMP de plus en plus divisé sur sa droite ? L’heure de Marine Le Pen serait-elle enfin venue au Front national ? Mais quel Front national ?

Le nom « Le Pen » n’est pas un nom facile à porter. Un patronyme culte dans l’extrême-droite et un chiffon rouge agité par la gauche.

Qui est cette femme qui a grandi et a attendu fidèlement à l’ombre de son père ? Est-elle le nouveau visage de l’extrême-droite ? Marine Le Pen est-elle l’avenir du Front national en assurant qu’une Le Pen remplace un Le Pen ? Choisie ou désignée comme dauphine, la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen dénature-t-elle le FN en le vidant de ses fondements idéologiques, comme l’affirment des membres historiques du parti ?

 

*Caroline Monnot & Abel Mestre, Le système Le Pen. Enquête sur les réseaux du Front national, Denoël, Paris, 2011 (ISBN 978-2-20711050-8)

 Marine Le Pen séduit. Et fait peur. Le Front national version Marine Le Pen est plus jeune, plus lisse, plus soucieux de sa respectabilité que celui de son père. La nouvelle présidente du FN veut jouer dans la « cour des grands », et s’en donne les moyens.

Mais, loin du personnage présentable qu’elle laisse paraître dans les médias, elle est en fait entourée de certains des représentants de l’extrême-droite la plus dure et d’individus troubles dont les liens avec l’appareil du FN ont été jusqu’à présent habilement dissimulés. C’est tout un système, décrypte ici pour la première fois, qui permet à Marine Le Pen de caracoler dans les sondages.

Le but de ces réseaux est de diffuser les thèmes du discours frontiste dans le débat public, avec en ligne de mire une recomposition du paysage politique à la faveur des scrutins de 2012. L’enquête minutieuse menée par Caroline Monnot et Abel Mestre permet de se rendre compte avec quel professionnalisme cette stratégie est mise en œuvre et pour quels résultats. Forts de leur connaissance intime des milieux d’extrême-droite, ils donnent à voir le vrai visage de Marine Le Pen et de ceux qui l’entourent, pour la plupart inconnus du grand public.

Entre professionnalisme et radicalité, entourage officiel et amitiés inavouables, engouement médiatique et travail de terrain, mue politique et islamophobie virulente, on découvre ainsi au fil des pages l’ambivalence savamment entretenue du FN.

Derrière le sourire se cachent une détermination et une réalité politique dont ceux qui choisiraient de les ignorer pourraient bien être les premières victimes.

 

Dominique Reynié, Populismes : la pente fatale, Plon, Paris, 2011 (ISBN 978-2-259-20890-1)

Les partis populistes et xénophobes renaissent ou fleurissent partout en Europe, rencontrant des succès électoraux surprenants et de plus en plus souvent spectaculaires. En France et en Belgique, les lois sur la burqa sont votées. En Suisse, un référendum contre les minarets est adopté. En Italie, des émeutes anti-immigrés ont lieu… Sur le terreau d’un mécontentement généré par l’épuisement financier du système social, les Européens développent une méfiance à l’égard des réalités multiculturelles auxquelles l’immigration les confronte. L’Europe s’inquiète !

Le discours politique s’empare de ce sinistre climat : le chef du parti travailliste britannique lance le mot d’ordre : « British jobs for British workers ! ». Tour à tour, en Europe, les chefs de gouvernement annoncent l’échec du multiculturalisme.

Au fur et à mesure que se déploie la globalisation, les peuples deviennent de plus en plus sensibles aux folles sirènes de la xénophobie. Il faut une réponse politique adéquate à ce puissant phénomène de portée historique et potentiellement dévastateur. Il y a urgence : en 2015, il y aura moins de naissances que de décès : et si l’immigration était une chance pour le vieux continent ?

 

Raffaele Simone, Le Monstre doux. L’occident vire-t-il à droite ?, Gallimard, coll. Le Débat, Paris, 2012 (ISBN 978-2-07-012882-2)

Quelles peuvent bien être les causes de la crise profonde qui frappe la gauche européenne ? En partant de l’exemple italien et des ressorts du phénomène Berlusconi pour élargir l’analyse au continent dans son ensemble, Rafaele Simone attribue le recul et la décomposition des idéaux de gauche principalement à l’essor rapide d’une « droite nouvelle » lié aux transformations actuelles de la société et à sa culture de masse.

La société nouvelle, globalisée, est en effet dominée par ce que Tocqueville aurait pu appeler le « Monstre doux », le modèle tentaculaire et diffus d’une culture puissamment attirante, au visage à la fois souriant et sinistre, qui promet satisfaction et bien-être à tous en s’assurant de l’endormissement des consciences par la possession et la consommation tout en entretenant la confusion entre fiction et réalité.

 

Jean Viard, Pourquoi les travailleurs votent FN et comment les reconquérir, Seuil, coll. Essais, Paris, 1997 (ISBN 2-02-032333-8)

Comment, pourquoi le Front national a-t-il pu s’implanter si profondément dans ce que l’on appelle encore le « monde du travail » ? Jean Viard s’est interrogé sur ces millions d’électeurs, ces « travailleurs » touchés de plein fouet par l’immense révolution en cours. Certes, les paris des « Trente glorieuses » ont presque tous été gagnés : paix en Europe, revenus multipliés par quatre, éducation de masse, durée de vie augmentée, révolution informatique. Mais la société que nous avons créée est maintenant sans projet et nous désespère. Chômage, réduction de 30% des emplois ouvriers, paupérisation, éclatement urbain, mise à l’écart des jeunes et des plus de 50 ans, instabilité des familles apportent déception et découragement.

Le mouvement néo-fasciste s’installe d’abord à partir de ce ravage de l’aventure collective. Il capte des électorats victimes de ces mutations que les partis politiques n’ont su ni prévoir, ni accompagner. Il corrompt notre société par son défaitisme et sa peur des étrangers.

Mais cet essai va bien au-delà de ce constat. Il explore les immenses possibilités de ce monde nouveau, il dessine la place que la France doit y tenir, il propose de nouveaux enjeux à la politique pour régénérer la démocratie, la ville, le travail, et redonner le goût de l’avenir.